Iron Maiden – Maiden England World Tour (Bercy 05/06/2013) – L’Antre du Greil
Sur une planète pas lointaine, mais alors pas très lointaine, il existe un livre. Celui ci raconte comment, par une chaude journée d’été, le Greil décida de conquérir la Terre. Pour l’anecdote, cette idée lui vint après s’être masturbé, après avoir tué un chat, et après s’être masturbé sur le cadavre du chat.
Et là une question vous vient à la bouche : il y a un livre de l’histoire de l’Antre du Greil? Oui mes amis. L’écriture est en cours. Et dans quelques centaines années, après avoir étendu son influence maléfique sur le monde, ce livre sera expédié dans le passé par les 7 descendants des 7 chroniqueurs d’origine. Et Sam Raimi en fera un film : Evil Dead.
Ce live report ne raconte pas cette histoire.
Mercredi 5 juin 2013. Après une longue période de pluie, le Soleil daigne nous éclairer de ses rayons. Attirés par la lumière, des centaines de métalleux venus de toute la France se pressent autour du Palais Omnisports de Paris Bercy. Une grande messe se prépare. Les parisiens ont peur. Ils rangent animaux et bébés afin qu’ils échappent aux sacrifices… Mais nan je déconne !!! Ils sont juste venus voir Iron Maiden. D’ailleurs, ils ne pourraient jamais faire de mal à une mouche, la preuve ils possèdent des iPhones.
C’est donc armé de ma place de concert que je me dirige également vers le POPB, avec mon ami de toujours, Antoine (il tient en ce moment même une arme sur ma tempe afin que je dise du bien de lui. Mais je ne peux pas, pitié, ne me tue p PAN !!!). Fidèle à la tradition, j’arrive sur le site plusieurs heures avant, afin de pouvoir profiter des meilleurs places dans la fosse. Et c’est parti pour de longues heures d’attente. Heureusement, il fait beau, l’ambiance est conviviale, le temps passe vite. Rares faits marquants : un mec qui passe avec un vélo modifié, avec une tête de sanglier fixée à l’avant ; un mec qui s’est croûté dans un buisson, visiblement le cocktail bière/soleil ne lui a pas fait du bien.
Le précieux sésame. Maintenant il dort au chaud avec mes autres places de concert : Metallica, AC/DC, Aerosmith, Steel Panther… Vous êtes dèg? Vous avez raison.
Vers 18h, c’est la délivrance, Bercy ouvre ses portes. Après avoir retiré les bouchons de nos bouteilles (ça fait vraiment chier ça pour le coup), nous pouvons courir vers la fosse. Première bonne surprise, nous pouvons avoir accès à la fosse or. On joue des coudes, ce qui nous permet de nous placer à une petite dizaine de mètres de la scène ! C’est à ce moment là que je remarque à quel point Bercy fait petit par rapport à mes souvenirs. À Aerosmith j’étais à l’opposé de la scène, donc vraiment loin, et à Metallica la scène était centrale, ce qui libérait les gradins et permettait d’apprécier la taille du lieu. Pour Maiden, cette impression est modifiée par la taille de la scène, gigantesque, qui bouffe un virage entier, et qui s’avance facilement au tiers de la fosse. On comprendra pourquoi après. Et une partie de cette scène est déjà occupée par le backdrop de Voodoo Six, groupe ayant l’insigne honneur d’ouvrir pour la Vierge de Fer, le reste étant baché.
Voodoo Six défend son deuxième album, Songs To Invade Countries To, et pour un groupe que je ne connaissais que de nom, et bien ils ont rempli leur rôle de première partie, puisqu’ils m’ont donné envie d’aller écouter leurs chansons. J’ai trouvé leur musique vraiment sympa, les riffs étaient vraiment cools et bien trouvés. Pas de quoi crier au génie non plus, notamment à cause d’intros souvent longues, et d’un jeu de scène assez pauvre, puisque seul le bassiste court d’un bout à l’autre de la scène et harangue le public, les autres ne bougeant pas vraiment. Autre point faible scénique, le guitariste solo, qui est celui qui bouge le moins, et qui en plus prend des poses dignes de Zakk Wylde, avec la guitare entre les jambes pendant les soli. Arrête mec, on est en 2013, plus personne ne joue de manière si caricaturale.
Mais dans l’ensemble, le groupe s’en sort bien pour une première partie, réussi à ne pas se faire huer (les fans de Maiden sont un public difficile, Avenged Sevenfold en avait fait les frais). On a déjà vu mieux certes (genre les premières parties « de luxe » comme Slash pour AC/DC au Stade de France), mais on a déjà vu pire… Bien pire (*tousse tousse* The Kills *tousse tousse* pour Metallica *tousse tousse* au Stade de France *tousse tousse*). C’est un groupe jeune, ils ne peuvent que progresser, notamment niveau scénique. Après 40 minutes, Voodoo Six laisse la place aux techniciens de Maiden ; la voix-off de Bercy annonce 30 minutes d’entracte. Bah, on est plus à une demi-heure près, ça fait quand même plus de 8 heures qu’on attend.
La seule image de Voodoo Six à peu près potable que j’ai pu trouver. Google n’est plus ce que c’était…
C’est au son du Iron Man de Sabbath, de The Boys Are Back In Town de Thin Lizzy, de Def Leppard, de Judas Priest que passe la demi-heure. Puis commence Doctor Doctor de UFO, ouverture traditionnelle des Irons. Bercy se réveille doucement, le refrain est repris en chœur, bien connu du public. Les lumières s’éteignent, et l’intro de Moonchild arrive. La salle retient son souffle, jusqu’à l’explosion : les membres du groupe déboulent sur scène, la machine de guerre Maiden est en marche, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Après Moonchild, c’est Can I Play With Madness qui fait chanter Bercy. Ces deux titres, tirés de l’album Seventh Son Of A Seventh Son, nous rappelle que Maiden célèbre la réédition du live Maiden England, enregistré à Birmingham en 88 lors du 7th Tour Of A 7th Tour. La scène en est d’ailleurs tirée, puisqu’elle a été partiellement reproduite, en plus sobre, mais elle reste magnifique, avec son paysage arctique, et bien sûr les plateformes qui permettent à Bruce Dickinson de surplomber ses camarades. Puis la mythique intro de The Prisoner débarque, avec les images de la célèbre série télévisée. Et Bercy de hurler : « I am not a number, I am a free man !!! » Plus jouée depuis 1991, elle remporte tous les suffrages, achevant de réveiller les derniers récalcitrants de la salle. Et il fallait bien que tout le monde soit debout pour chanter le refrain de 2 Minutes To Midnight, premier extrait de Powerslave.
Après ces 4 chansons « pain dans la gueule », menées tambour battant, Bruce calme le jeu, nous faisant profiter de son très bon français. Il se fait alors surprendre par la salle qui entonne un joyeux anniversaire, puisque nous fêtons les 61 ans de Nicko McBrain !!! Caché derrière son set depuis le début, il apparaît enfin, tout sourire comme à son habitude. Bruce lance un happy birthday, repris par le public, puis enchaîne avec une nouvelle surprise : Afraid To Shoot Strangers, plus jouée depuis 1998, et bien évidemment absente de la tournée de 88, puisque issue de Fear Of The Dark, qui date de 1993. C’est ensuite l’ultra classique The Trooper qui arrive, avec bien entendu une forte participation du public, et la fameuse tenue avec le drapeau anglais portée par Bruce.
Je savais pas qu’au Pôle Nord y avait autant de gens vivant avec des téléphones portables…
Et ensuite… ensuite… Je n’ai pu que me mettre à genou devant une telle grandeur, une telle magnificence… The Number Of The Beast !!! 666, le chiffre de la bête, du Malin, du Diable !!! Car le diable est assurément à Bercy ce soir, ou alors une quelconque autre force, qui fait que le groupe délivre une prestation haute en énergie, et que le public répond présent à chaque sollicitation. Et il est sollicité, puisqu’un concert de Maiden ne contient que des classiques. Le suivant s’appelle Phantom Of The Opera, tiré du premier album des Londoniens, Iron Maiden. Et le suivant est Run To The Hills, qui voit une nouvelle fois (votre serviteur y compris) le public s’époumoner sur le refrain. Et quelle surprise de voir débarquer un Eddie géant pendant le solo, déguisé en général Custer (chef américain pendant la guerre de Sécession et les guerres indiennes), qui pourchasse Janick Gers sur la scène, Janick qui en retour se met à jouer avec lui, à passer entre ses jambes, à lui présenter sa guitare pour qu’il la frappe avec son épée… Un bon moment de rigolade !!!
– Je me fais un peu chier en fait… Tiens Eddie, prend ma guitare !!!
Wasted Years sera le seul extrait de l’album Somewhere In Time (1986), Heaven Can Wait n’ayant pas été conservé de la tournée originale. Puis, exhumé de sa tombe, car plus joué depuis 88, le morceau fleuve Seventh Son Of A Seventh Son va captiver Bercy du haut de ses 10 minutes. Un deuxième Eddie, en écrivain cette fois ci, tiré de l’intérieur de la pochette de l’album éponyme, est mis en place en fond de scène. On comprend mieux le gigantisme de la scène, puisque Maiden doit stocker ses Eddie géants à l’arrière. Franchement, peu de groupes peuvent se permettre d’avoir une mise en scène aussi spectaculaire, et ce pour notre plus grand plaisir !!!
The Clairvoyant peut sembler moins connu du public, mais son refrain met tout le monde d’accord. Une bonne mise en bouche avant un autre morceau phare de la soirée (encore !). Une chanson véritablement taillée pour le live. Si on ne devait retenir qu’une chanson de Maiden des années 90, ce serait assurément celle là. Rares sont les chansons à fédérer autant un public, quelqu’il soit. Les lumières de Bercy diminuent, et Fear Of The Dark débute !!! Que dire de plus, sinon que c’est un morceau toujours aussi magnifique, toujours aussi impressionnant. Et Maiden de nous achever avec un autre classique, Iron Maiden (de Iron Maiden donc, paru sur l’album Iron Maiden. C’était un concert de qui déjà? J’ai peur de ne pas m’en souvenir). 3 minutes 30, menée à 2000 à l’heure, avec un nouveau Eddie, celui de la pochette de Seventh Son Of A Seventh Son, qui tient un cœur battant dans ses mains. C’est probablement le backdrop le plus génial que j’ai jamais vu. Une claque visuelle, sublimée par les lumières.
– C’est à moi que tu parles? C’EST A MOI QUE TU PARLES???
Maiden remercie tout le monde, et quitte la scène. Bercy hurle pour le retour du combo londonien, et un ancien résident londonien lui répond : c’est le fameux Churchill’s speech, prononcé par le Premier Ministre britannique alors que la Luftwaffe allemande bombardait Londres. Des images d’avion apparaissent sur les écrans, le backdrop se met en place, on sait à quelle sauce on va être mangé : Aces High bien sûr, chanson d’ouverture de Powerslave et du Live After Death, met une nouvelle fois Bercy à genoux. Suit The Evil That Men Do, et enfin pour achever en beauté la soirée, Running Free !!! Bruce en profite pour présenter le groupe (pour ce qui ne connaissent pas par cœur les noms des membres, ce qui est rare tant les fans de Maiden sont des passionnés), et c’est dans cette ambiance de fête que Maiden nous quitte, après la traditionnelle distribution de médiators, baguettes (je suis passé tout près d’une baguette de Nicko !), et de peaux de batterie, que Nicko s’amuse à faire voler comme un frisbee. Deux minutes passées dans le noir nous font espérer une dernière chanson, mais elle ne viendra malheureusement pas. Les techniciens se mettent à démonter la scène. Bercy se vide, c’est le moment de faire un bilan global de cette magnifique soirée.
Eddie nous a dans sa ligne de mire, ça va faire des dégâts.
La setlist : très orientée autour du 7th Tour Of A 7th Tour et du live Maiden England, que l’on fête ce soir, elle ne contient que des classiques. C’était un risque de ne s’orienter qu’autour d’un album (5 extraits, sur un album qui compte 8 chansons), mais le groupe s’en sort avec brio ! On regrettera quand même l’absence de chansons tirées de Killers, deuxième opus des Irons, et de Hallowed Be Thy Name, jouée systématiquement depuis 1982 (!), mais laissée de côté volontairement, le groupe la faisant « reposer », et assurant qu’elle reviendra très bientôt.
Le son : un peu brouillon au début, il est corrigé ensuite, sans être excellent. 3 guitares à balancer, c’est compliqué, si bien que certaines intros (2 Minutes par exemple) sont difficiles à entendre. La grosse caisse est par moment trop mise en avant, ce qui masque certaines parties de basse. Après, j’étais placé devant des enceintes, ce qui peut fausser mon jugement. Et puis Bercy n’est pas une salle connue pour son acoustique géniale (la rénovation de l’année prochaine sera censé corriger cela), mais dans l’ensemble, c’est satisfaisant.
La scène : juste génialissime. 3 Eddie géants (et pas fixes en plus !), des backdrops changeants en permanence, tous aussi magnifiques les uns les autres, tout cela sublimé par les lumières, dont le jeu permet de créer de véritables ambiances, reflets des thèmes abordés dans les chansons, et avec des apports de flammes et de pétard. Tout est maîtrisé d’un bout à l’autre, jamais trop, jamais trop peu.
La performance des artistes : hallucinante. Steve Harris… Et bah c’est Steve Harris quoi. Il s’efforce de bouger autant qu’il peut (il souffre d’un mal de dos récurrent depuis plusieurs années), et ses lignes de basse sont toujours aussi réussies. Dave Murray (guitare) assure ses soli comme jamais, par contre sa coupe de cheveux c’est pas top, une permanente pas vraiment réussie… Adrian Smith répond également présent, ses soli sont toujours aussi géniaux. Ce qui laisse quelques miettes à Janick Gers, qui produit peu de soli (2 chansons seulement pour sa période), mais qui est le guitariste bougeant le plus, puisqu’il exécute quelques pas de danse et des étirements sur des enceintes. Les 2 stars de la soirée sont Nicko McBrain, dont les roulements de toms sont toujours aussi impressionnants de maîtrise (j’en suis jaloux, moi qui débute à la batterie et qui peine à produire un break correct), et bien sûr Bruce Dickinson, frontman extraordinaire, qui à 54 ans a passé 2 heures à courir, sauter d’un bout à l’autre de la scène, sans jamais ralentir ou s’arrêter. Et sa voix peut aisément endosser tous les superlatifs qui existent, tellement elle est tantôt magnifique, tantôt rauque et puissante. Il a une capacité à la moduler proprement démentielle, sur le refrain de Run To The Hills par exemple, qui est l’un des plus aigus jamais produit par Maiden. Désolé pour Paul Di’Anno et Blaze Bayley, mais Bruce restera le chanteur collant le mieux à Iron Maiden, notamment niveau scénique.
Je cours partout, je crève de chaud, je sue à grosses gouttes? Rien à foutre, je garde ma veste !
Pour conclure, ce concert était un moment fort de l’année de la scène metal en France. Maîtrisé d’un bout à l’autre, aussi bien musicalement que techniquement, Iron Maiden démontre qu’ils sont les maîtres en matière de heavy metal. Que dire de plus, sinon de vous précipiter pour aller les voir à leur prochain passage? Up the Irons !!!
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