Critique : Valerian et la Cité des mille planètes – L’Antre du Greil
Aaaaahhhhh … Ce bon vieux Luc Besson. Besson Besson Besson. On peut admirer ou détester l’homme, il laisse très peu de place à l’indifférence. Surtout sur la toile où tout part dans des proportions bibliques pour un rien. Forcément, cela créé une certaine attente quant à la sortie d’un de ses films. Encore plus dans notre cas présent. Luc Besson était attendu au tournant après l’énorme succès au box-office qu’a été Lucy (dont je ne suis pas du tout fan) et le fait qu’il s’agisse de l’adaptation d’une bande-dessinée culte aux yeux de beaucoup de personnes ayant eu une énorme influence sur le monde de la science-fiction que l’on peut voir encore aujourd’hui.
Les fans de Besson y voient un espoir d’avoir un nouveau Le 5ème élément. Pour ma part j’avais plutôt une crainte d’avoir un nouveau Jupiter Ascending
Mais nous y sommes maintenant, Valerian et Laureline … Euh pardon, Valerian et la Cité des mille planètes est dans nos salles de cinéma françaises. C’est l’occasion d’enfin voir nos craintes ou espérances être confirmées / déçues.
Valerian et la Cité des mille planètes est un film réalisé par Luc Besson sorti le 21 juillet aux US et le 26 juillet en France. Il s’agit de l’adaptation de la série de bandes-dessinées Valerian et Laureline et raconte l’histoire de deux agents spatio-temporels qui vivent des aventures autour d’Alpha, une ancienne station spatiale humaine reconvertie en une cité peuplée par des milliers d’espèces extra-terrestres qui partagent leur connaissances et vivent en harmonie. Harmonie menacée par un danger d’origine inconnue au noyau de la station qui pourrait être liée à une espèce normalement disparue il y a une trentaine d’années.
Avant de parler du film en lui-même, il est intéressant de revenir sur deux points.
Le premier point concerne la critique en elle-même. Je le rappelle à chaque adaptation mais je continuerais de le faire. Je critique Valerian le film, pas Valerian l’adaptation. Pour moi le fait qu’il s’agisse d’une adaptation est secondaire. Si le film est bon mais que l’adaptation est catastrophique, je jugerais le film comme étant bon. Mais l’inverse est aussi vrai. Je connais les BD car la renommée de cette série n’est pas négligeable mais je ne suis pas familier avec son univers. Alors il est tout à fait envisageable que Luc Besson ait fait un bon gros doigt d’honneur à l’univers de la bande-dessinée tout comme il est envisageable que l’adaptation soit impeccable et très respectueuse du matériau d’origine. Peu importe dans tous les cas, c’est le film en lui-même qui compte.
Le second point touche à la conception du film. Car faire Valerian fut un vrai parcours du combattant ! Il s’agit du film le plus cher de l’histoire du cinéma français (on plafonnait auparavant à 78 millions d’euros pour cette connerie d’Astérix aux Jeux Olympiques, record explosé puisque Valerian et la Cité des mille planètes en a coûté 197) et était au centre d’une histoire entre l’état français et Luc Besson concernant le crédit d’impôt accordé par le CNC. On entre dans de l’économie donc ça ne pourrait pas forcément plaire à tout le monde mais ce projet a obtenu une dérogation spéciale de la part du CNC après un bras de fer entre eux et Besson qui voulait absolument que le film soit français et génère des emplois en France. Mais avant toute cette histoire de financement, Valerian était déjà dans l’esprit de Luc Besson. Il s’en est beaucoup inspiré pour son film Le 5ème élément et un scénario était déjà écrit à la fin des années 2000. James Cameron est ensuite passé par là et avec son explosion nucléaire au niveau du box-office qu’était Avatar, Besson a tout repris depuis le début.
Ce film a pris des années pour tout ce qui touche à la préproduction, la création des décors, des espèces extra-terrestres, du design etc … C’était un énorme projet, hyper ambitieux. Un chantier comme jamais nous n’en avons eu dans le cinéma français.
Toute cette volonté, tous ces efforts … Tout ça … pour ça ?
On voudrait retrouver l’âme de Luc Besson s’il vous plait. Faites un avis de recherche !
Valerian m’a terriblement frustré. Je vois les efforts qui ont été fournis dans ce projet. Valerian nous propose quelque chose visuellement qu’il est rare de voir au cinéma. Je n’ai pas grand chose à reprocher au film sur la forme de manière générale. Bien évidemment, le design des espèces pourra plaire ou non. Pour ma part, c’est assez inégal mais c’est purement subjectif. En terme de réalisation aussi Luc Besson nous propose plusieurs séquences vraiment impressionnantes et inventives. Je pense notamment à toute une scène se passant dans deux dimensions en même temps qui est vraiment bien foutue. Le pire défaut qu’un film peut avoir pour moi est d’être ennuyeux. Et je ne me suis pas ennuyé devant Valerian. C’est un film divertissant. Mais c’est tout.
Pendant tout le film, j’ai l’impression d’être un enfant devant lequel Luc Besson agite un trousseau de clé brillant. C’est beau et on me montre des choses. Mais j’aurais bien aimé qu’on me raconte quelque chose aussi au passage. Et de ce côté, ça n’est pas brillant justement.
Parlons tout d’abord du duo principal. Pour ma part, ça ne fonctionne pas. J’aime beaucoup Dane DeHaan mais je ne le trouve pas forcément bon dans ce rôle. Et Cara Delevingne a beau être une mannequin très connue … Pour moi ça n’est pas une bonne actrice. Il n’y a pas d’alchimie entre les deux, je ne crois pas une seule seconde en leur relation. Ce qui est dommage car c’est le point central du film justement. On a renommé le film Valerian ce que je ne comprends pas forcément, mais le film pouvait très bien s’appeler Valerian et Laureline car elle est aussi présente que lui.
Pour être franc, il faut aussi reconnaître qu’ils ne sont pas beaucoup aidé avec les dialogues qu’on leur a filé car c’est vraiment très cliché. Tout comme le scénario.
Je ne vous parle même pas de toute la séquence de Rihanna car c’est vraiment long pour rien … Enfin si, pour plaire aux beaufs qui peuvent mater Rihanna.
Je ne demandais pas forcément un film avec un scénario hyper complexe qui multiplie les rebondissements. Parfois je ne demande qu’une aventure simple mais efficace. Et c’est ce qui est visé ici. Mais j’aurais aimé au moins un poil d’originalité. C’est encore une fois cette impression d’être pris pour un gosse qui persiste car on voit tout arriver à des kilomètres. Et on voit tout arriver car on a déjà vu tout ça plusieurs fois. L’emballage a beau être différent, on connaît le goût du produit fourni.
Le message du film est beau mais on a déjà vu ça plusieurs fois rien que cette année. Donc oui, le pouvoir de l’amour est le plus puissant des pouvoirs et blablabla. Je ne veux pas paraître rabat-joie, mais le pouvoir de l’amour commence sérieusement à me les briser. J’aimerais bien qu’on me serve une autre soupe dans les blockbusters si ça n’est pas trop demandé ! La Planète des Singes, c’est toi que je regarde avec attention. Je compte sur toi.
Bref, Valerian c’est un dessert qui est très bien dressé dans notre assiette. On a envie d’y goûter. Mais quand on le goûte, on se rend compte que c’est un plat de cantine d’école. On a beau me montrer de belles images et essayer de me divertir en bougeant dans tous les sens, il aurait fallu bosser un peu plus sur le fond du film qui est beaucoup trop cliché pour que je lui pardonne. Je ne peux pas le déconseiller car encore une fois visuellement le spectacle est assuré. Mais il faut que ça soit tout ce que vous cherchiez car vous n’aurez vraiment rien d’autre.
Et c’est ça qui rend le film si frustrant. Je remercie Luc Besson pour les efforts qu’il fait, pour sa volonté de vouloir améliorer le cinéma français beaucoup trop enfermé dans sa bulle. Je voudrais juste qu’il nous fournisse un film à la hauteur des efforts fournis. Valerian et la Cité des mille planètes n’est malheureusement pas ce film. Vraiment dommage. Vraiment décevant. Vraiment frustrant.
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