Critique : Persona 5 – L’Antre du Greil
Le J-RPG ces derniers temps n’a pas été au top de sa forme, après un FF15 qui a essayé de recoller les morceaux en s’orientant vers un public plus large mais a perdu sa niche par la même occasion. Tales of Berseria reste un Tales of qui peut plaire à certains mais pour moi c’est tout juste moyen. Cela dit, d’autres productions japonaises ont pu trouver leur place comme RE7, Ni-Oh ou NieR Automata qui sont d’ailleurs d’excellents jeux. Et aujourd’hui, un autre J-RPG, qui est sans doute inconnu à l’occident, développé par Atlas que nous devons remercier pour la saga de Megami Tensei – attention les 2 séries sont très distinctes entre Shin Megami Tensei et Shin Megami Tensei Persona. Afin de fêter le 20ème anniversaire de la série Persona, sortit en octobre 2016 : Persona5 et seulement au Japon, il nous a fallu attendre 6 mois en plus pour l’avoir chez nous. Chronologiquement, c’est le 6ème épisode de la saga. Non, vous n’avez pas besoin de jouer aux anciens pour savoir ce qui se passe, d’autant plus que les anciens Persona ont très mal vieilli. Petite note également, comme le jeu interdit de prendre de screenshots passé une certaine date, j’ai du trouver ce que j’ai pu en japonais.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, petit aparté sur ce qui s’est passé autour du jeu. Lors de son annonce en occident, seule la traduction anglaise est prévue malgré quelque apparition de sous-titre dans la langue de Molière dans certains trailers. Le jeu fait l’objet d’une grosse polémique car il n’est pas traduit en français. Mon opinion purement personnelle, en 2017 ne pas comprendre l’anglais, c’est chaud quand même. Le jeu, bien entendu, ne requiert pas un niveau extrêmement élevé mais comporte énormément d’expressions de jeunes, parce qu’il faut dire que l’ensemble des personnages sont des lycéens. Si vous n’utilisez pas cette langue régulièrement à l’oral, il se peut que ce soit très déroutant. Et arrêtez de ouin, il ne sera jamais traduit en français ou espagnol ou allemand, tout simplement parce que c’est un jeu de niche. Les allemands ne se sont jamais plaints parce que le jeu est en anglais eux…
L’épisode s’installe dans la ville Tokyo contemporaine, et apparemment se déroule en 2016 d’après de nombreuses analyses par l’ensemble des joueurs. Comme dans la tradition des Persona, le protagoniste principal est quasiment muet et ne s’exprime uniquement pendant ou à la fin de chaque combat. Alternant la réalité et le monde alternatif créé par la conscience de chacun des personnes vivantes, le jeu vous propose une multitude d’activités à accomplir dans un laps de temps donné. Comme tout Persona, le jeu est très axé sur la limite de temps pour accomplir vos missions principales, passé ce délai se résulte tout simplement à un game over pur et dur.
La première remarque c’est que Persona 5 n’essaie pas de jouer dans la cour des AAA open-world. Il est même très dirigiste, au point de ne pas vous autoriser d’exercer des activités annexes durant plusieurs périodes. À part ceci, vous devez planifier vos activités de ce que vous voudrez faire dans les jours à venir. Planifier peut paraître un grand mot, vous avez la possibilité de faire ce que vous voulez à raison de 2 activités par jour. Mélangeant du dating simulator et rpg,Persona 5 ouvre un tout nouvel horizon pour le genre. Vous remarquerez très vite qu’il vous est presque impossible dans votre première partie de monter toutes caractéristiques sociales et vos liens avec les personnages secondaires. À moins que vous avez un guide complet vous détaillant ce que vous devez faire jour par jour sur toute la durée du jeu. Néanmoins il propose un log des activités effectuées par l’ensemble des joueurs pour que vous puissiez voir ce que les autres ont fait. Il faudra donc passer par une seconde partie avec le NG+ qui permet de sauvegarder vos stats sociales et dans celle-ci vous vous occupez principalement de vos liens.
Travailler ça fait partie de votre vie de lycéen
Techniquement assez daté, même en utilisant un moteur fait maison par Atlus, ça nous saute littéralement aux yeux que le jeu est destiné à une PS3. On n’accusera plus les japonais, comme je le dit à plusieurs reprises dans mes critiques de leur retard technologique en matière de jeu-vidéo. En revanche, les artistes nous proposent une direction artistique hors-norme. Même si les environnements sont très petits, les grandes avenues de Tokyo des quartiers Shinjuku ou Shibuya sont quand même bien retranscrites. Cela dit, on aurait aimé pouvoir se promener plus souvent dans les endroits découverts, au lieu de se contenter simplement d’un arrière-plan. Par contre, le level-design des donjons est tout simplement superbe avec un bon nombre de challenges. Même si ceux-ci sont remplis de toutes les couleurs assez flashy, elles ne piquent pas nos yeux et changent complètement notre perspective. En effet, le contraste entre le monde réel et les donjons est très marquant à cause de la palette des couleurs utilisées. Notez également qu’il est impossible de revenir aux donjons précédents une fois qu’on a décidé d’affronter le boss final, fouillez de fond en comble avant.
Les personnages principaux et secondaires sont très bien développés, chacun d’eux a leur propre petite histoire à côté de la trame principale, permettant de les connaitre et d’apprendre leur background. Bien entendu, vous devez monter vos affinités avec eux. Autre part, en le faisant, vous gagnerez des compétences très utiles tout au long du jeu. On regrettera que certaines sont plus utiles que d’autres, il faudra donc faire un ordre de priorité en fonction de ce que vous aimeriez faire. Comme nous sommes dans un dating simulator, vous avez également la possibilité d’avoir une…ou plusieurs copines si vous le voulez. Bien entendu, selon votre choix vous l’assumez.
La palette de couleurs flashy mais très bien travaillée
Concernant le gameplay, on abandonne l’action-RPG pour revenir au classique du tour par tour. Avec les points forts et faible de chaque monstre ou Persona. Chacun de vos partenaires utilise un élément spécifique et est sensible à un autre élément. Seul le protagoniste principal peut utiliser plusieurs Persona, il est donc très versatile en fonction de chaque ennemi rencontré. Simple et très efficace à la fois, l’interface a été revue pour une meilleure ergonomie, on quitte le menu à sélectionner pour attaquer ou utiliser de la magie, chacun de vos boutons du pad droit correspond à une action : X pour attaquer, O pour la garde, Δ pour la magie etc. Cette interface peut paraître assez brouillon si on n’est pas habitué à cause du style d’écriture. Mais au bout d’une vingtaine d’heures de jeu, on se rend compte que celle-ci devient de plus en plus pratique.
Les effets des sorts sont très bien travaillés
Autre que les combats, vous passerez également du temps à capturer les Pokémons, euh pardon les Personas pour effectuer les fusions afin de créer de nouveaux plus puissants. Vous avez quelques centaines de Personas à collectionner plus ceux en DLC (tiré du 4) et un spécial qui ne sera disponible uniquement lors d’un NG+. Et de toute façon si vous voulez vraiment finir le jeu à fond, vous passerez par la case du NG+. D’autant plus que le jeu vous propose 3 différentes fins, je vous laisse le soin de les découvrir. Le jeu vous propose plusieurs modes de difficulté qui vous demandera d’être plus stratégique dans les plus durs. En règle générale, je pense que Persona 5 est plus simple que les anciens, son mode difficile doit être le normal dans Persona 4. En revanche les combats de boss sont toujours aussi corsés et vous demanderont de refaire plusieurs try avant de cerner la meilleure stratégie. Un petit point faible sur les phases d’infiltration, l’angle de la caméra est bloqué et notre personnage change d’angle à chaque mouvement qui peut poser certains soucis de lisibilité.
Le jeu nous propose une bande son assez jazz si vous voulez, qui ne s’enregistre pas dans l’epicness auquel nous avons souvent l’habitude d’entendre. Elle est même très discrète, personnellement, je ne peux dire que celle-ci est sublime car je n’écoute pas du jazz d’habitude, mais il est vrai que le nombre de pistes disponible assez limité freine le plaisir en quelque sorte. Comme le jeu est long : 120h pour terminer ma première partie, à force d’écouter en boucle quelques morceaux on s’ennuie assez vite. Pour couronner le tout, ce chat qui n’arrête pas d’agir comme si c’est ma mère n’aide pas vraiment à améliorer les choses. Cela dit, la musique colle parfaitement avec le thème du jeu, parfois on a un très bon ressenti de l’environnement qui nous entoure. Un point sur les castings japonais et anglais du jeu, ils sont tout simplement grandioses, je pense que c’est le meilleur casting japonais dans un J-RPG et je ne remercie Atlus jamais assez pour nous avoir fourni ce doublage.
Perso j’adore cette interface. Simple et efficace.
Attaquons à la partie la plus importante d’un J-RPG : son histoire. Pour un jeu dont l’histoire s’étale sur 100h, aucun doute que celle-ci doit comporter certaines longueurs. En effet, malgré un écrit extrêmement intéressant et qui arrive à capter l’intention du joueur du début à la fin, celui-ci se dote de nombreux vides à chaque fin de mission. Mais il faut se rendre compte que si vous ne vous concentrer uniquement sur l’histoire principale, vous risquez de passer à côté celles de vos partenaires. Ces vides permettent, en quelque sorte, de les découvrir. Personnellement, le récit de Persona 5 est tellement bien écrit, surtout quand celui-ci est sans faille dans sa narration. On se sent impliqué avec le groupe, on les compatit, on les aime. Les personnages sont tous aussi attachants les uns les autres même s’il est vrai que certains s’en sortent un peu mieux. Je regrette légèrement le dénouement de l’histoire qui part un petit peu en boulette. Mais on pardonne tout, car la route jusqu’à cette fin est si merveilleuse. Et puis, il est vrai que si vous n’aimez pas lire (surtout en anglais) vous n’allez pas vraiment vous amuser dans ce jeu car la montagne de textes à lire est tout simplement impressionnante.
Dommage qu’on peut pas avoir Shibuya en plus grande…
Persona 5, pour moi, est le meilleur J-RPG de ces dernières années et il ne fait aucun doute là-dessus. Surpassant même Xenoblade et FF 7 ou 10. En conservant l’essence même du J-RPG, Atlus a réussi là où les productions estampées Square Enix qui, au passage ne sont plus que les vestiges du passé, ont échoué. Il n’arrive pas encore à battre FF6 dans mon cœur simplement à cause de la nostalgie peut-être ou c’est simplement parce que Kefka. Son histoire, très terre à terre, traitant de sujets comme la corruption, la violence, l’abus etc. est extrêmement rafraîchissante. Nous avons l’habitude de : je sauve le monde en tant que super-héros. Persona 5 ne s’éloigne pas du sujet, mais le traite à travers un groupe de voleurs grâce à son récit très travaillé. Je ne peux encore dire si ce sera LE J-RPG de cette année, à voir si Ni no Kuni II s’en sortira mieux. On regrette tout de même un Tokyo très minimaliste et l’aspect trop dirigiste du jeu, mais pour ce début 2017, c’est clairement un jeu que je vous conseillerai vivement, pourvu que vous comprenez de l’anglais.
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