[Critique] Pentagon Papers – L’Antre du Greil
Steven Spielberg est ce genre de réalisateur dont on va voir le film, peu importe le sujet. Il est tellement ancré dans la culture populaire et il est presque assuré qu’on ressorte de la salle satisfait par ce qu’on vient de voir. Je précise presque car ces dernières années, notre bon vieux Steven n’a pas toujours été au top de sa forme. Du point de vue de la réalisation, c’est toujours un sans faute. Mais les films proposés n’étaient pas toujours les meilleurs.
Néanmoins, soyons sérieux deux minutes : quand on apprend qu’il existe un projet avec lui derrière la caméra et le combo Tom Hanks / Meryl Streep devant la caméra, on se fout du risque d’être déçu, on doit voir ce film. En tout cas chez moi, c’était sans l’ombre d’une hésitation que je me voyais déjà dans la salle de cinéma. Le sujet du film était également quelque chose qui m’intéressait grandement, donc tout était fait pour avoir ma présence devant l’écran.
Et même si le net est bien plus intéressé par le prochain film du réalisateur Ready Player One, concentrons-nous sur le nouveau né du Spielberg pour adulte. Celui qui fait Le Pont des Espions ou Lincoln, pas celui qui fait Le Bon Gros Géant en gros. C’est la critique de Pentagon Papers, et ne pas causer de la politique américaine va être compliqué dans cet article !
Est-ce que Meryl Streep a l’air de regarder Tom Hanks sur l’affiche ? Non, j’ai plutôt l’impression qu’elle a remarqué une pâtisserie sur le bureau juste derrière lui. Mais bref passons !
Pentagon Papers raconte l’histoire vrai du Washington Post, un journal qui se retrouve en possession de documents classés secret défense qui racontent les années de mauvaises gestions et de mensonges de la part du gouvernement américain envers le peuple américain sur la guerre du Vietnam. Tout le sujet du film va être sur le doute mais aussi les risques encourus pour le journal si jamais ils publieraient les fameux documents en question.
Les thèmes abordés du film sont donc clairement la liberté de la presse et son indépendance face au gouvernement. Mais nous avons également un thème beaucoup plus général en toile de fond en plus : le féminisme. Le scénario du film part en fait sur deux axes : nous avons l’axe des journalistes du Washington Post (dont l’éditeur en chef est incarné par Tom Hanks) qui essayent de tout faire pour obtenir les documents et de publier l’histoire. Et nous avons l’axe de Katharine Graham, qui possède le journal en question et qui place le journal en Bourse pour essayer de maintenir le fonctionnement du journal sans risquer de renvoyer tout le monde.
Avant les Golden Globes, je pensais sincèrement que le film obtiendrait toutes les récompenses.
Mais de manière surprenante, pas du tout finalement !
6 nominations, mais 0 récompenses. On verra pour les Oscars !
Le problème pour moi de ce système est que l’axe de Tom Hanks était bien plus intéressant que celui de Meryl Streep. Alors, il est évident que ce n’est pas une question du fait que je sois un homme donc forcément le féminisme je n’en ai rien à carrer. Évitons les raccourcis inutiles comme ça. Le problème est que l’histoire en elle-même, de ces décennies de mensonges envers le peuple de la part du gouvernement, est passionnant ! Donc oui, raconter les moeurs de l’époque avec Meryl Streep qui passe une grande partie du film à être en retrait par rapport aux hommes est nécessaire, voire important. Mais je ne peux m’empêcher de penser que la notion de liberté de la presse et le contexte de l’époque avec la guerre du Vietnam est plus grand que les soucis de Meryl Streep.
Je ne vais néanmoins pas tomber dans l’extrême en disant que le film serait mieux sans toute cette intrigue car c’est faux. Mais c’est selon moi en-dessous. Et ce n’est pas l’autre problème du film : c’est un peu trop long.
Est-ce que j’irais jusqu’à dire que le film est ennuyeux ? Non. Impossible de le dire ! Avec un casting du feu de dieu, d’excellentes prestations du duo principal et surtout une réalisation toujours aussi maîtrisée de la part de Spielberg, impossible de s’ennuyer. C’est plus un problème de script en fait, qui traine un peu trop en longueur, notamment avec une fin qui fait une ouverture vers un autre événement majeur de l’histoire des États-Unis (dont je ne vous parlerais pas, vu que je ne suis pas le type de personne qui spoile dans une critique !) qui était juste en trop.
Steven Spielberg a dépassé les 70 bougies, mais il continue toujours autant d’assurer.
Décidément, le mec est le taulier à Hollywood.
Pentagon Papers est voué à devenir culte. Il est voué à être cité pendant encore de nombreuses décennies pour une raison très simple : c’est la parfaite capsule d’Hollywood sous l’ère Trump. Je suis convaincu que ce film n’existerait pas ou ne serait pas comme il est si Trump n’était pas le président des États-Unis. Pour cette raison, ce film sera clairement cité pendant encore de nombreuses années. Et je ne peux pas dire que le film est mauvais, j’ai passé un bon moment devant.
Mais je ne pense pas que Pentagon Papers marquera mon esprit pendant longtemps. Je l’ai apprécié, j’ai apprécié le thème, les performances et l’histoire racontée. Mais je ne me suis pas non plus dit que j’étais face à un grand film ou un film important. Il marquera sans doute plus les esprits des américains, mais en tant que français j’avoue que je ne le reverrais sans doute jamais.
Pentagon Papers est un film à voir une fois, et c’est tout. Je ne vous encourage pas spécialement de le voir au cinéma d’ailleurs. Vous pourrez très bien attendre la sortie Blu-Ray ou même une future diffusion à la télé. Bref, c’était un bon film mais qui ne m’a pas non plus marqué. Typiquement le même ressenti que celui que j’avais eu après avoir vu Lincoln en gros.
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