[Critique] Justice League – L’Antre du Greil
Je suis un peu gavé. A chaque fois que je dois commencer la critique d’un film du DC Extended Universe, je suis obligé de rappeler une tonne de choses pour montrer patte blanche auprès du net. Il y a un vrai mouvement des fans de cet univers cinématographique sur le net qui gueule au complot de la part des critiques pour justifier le fait qu’ils aiment des films boiteux, comme si il y avait de la honte quelque part.
Des critiques n’aiment pas un film que vous aimez ? Mais dans ce cas pourquoi vous en avez quelque chose à faire puisque vous, vous l’avez apprécié ? Je ne comprends vraiment pas cet état d’esprit. Les critiques ne sont pas là pour être des dictateurs de la pensée, à vous dire ce qu’il faut aimer ou non. Je suis un amoureux inconditionnel de Batman et Robin, film ô combien haï par le plus grand nombre. Pourtant je l’adore, ce film me fait énormément rire à chaque fois que je le regarde. Je sais qu’il est mauvais objectivement, mais ça ne va pas changer le fait que je l’aime beaucoup ce bougre de canard boiteux ! Alors je tente de ma très maigre exposition un petit message de paix : contentez-vous d’aimer le film, arrêtez de vous concentrer sur l’avis des autres et de gueuler au complot parce que les avis en question sont différents du votre.
Par contre, ne cherchez même pas à me défendre cette saloperie Suicide Squad. Là même en étant le plus ouvert de la terre, je ne pourrais décemment pas vous écouter sans me foutre de votre mouille intérieurement.
Bref, revenons à nos moutons : le cinquième film du DC Extended Universe est là et c’est un mastodonte, puisqu’il s’agit de Justice League, la fameuse réunion des plus grands héros DC. Et j’ai grandi avec les dessins animés DC. Batman, Superman et La Ligue des Justiciers. Je trouvais ces séries vraiment géniales. Je continue encore de le penser d’ailleurs. Donc mon coeur d’enfant (le métaphorique, pas un des coeurs d’enfant de ma collection personnelle) avait cet amour et ces attentes autour du film. Mais mon coeur d’adulte (enfin c’est vite dit) me rappelle que l’univers étendu DC est pour le moment plutôt instable et vu le bordel qu’instaure la Warner dans chacun des projets, ça risquait de ne rien donner de bon.
Désolé les fans de DC … ce n’est pas avec Justice League que les retours critiques vont être positifs. Vous aurez toujours Wonder Woman pour vous. Mais ça va encore être le seul film avec des bons retours. Attaquons-nous au mastodonte qu’est Justice League. Bien évidemment, il n’y aura pas le moindre spoil dans cet article !
Avant d’attaquer le film en lui-même, j’aimerais revenir sur tout ce qui entoure la production du film. Car vous allez vite voir que cela explique 90% des problèmes de Justice League. La première version du film et le plus gros du tournage ont été fait par Zack Snyder, à qui nous devions déjà Man of Steel et Batman v Superman : L’Aube de la Justice. Malheureusement, un drame dans sa vie personnelle ont fait qu’il a dû quitter le projet en cours de route. Il a alors confier les rênes à Joss Whedon, pas inconnu au bataillon des réalisateurs de films de super-héros puisqu’il était derrière la caméra d’Avengers et d’Avengers : L’ère d’Ultron. Il est d’ailleurs dans les petits papiers de la Warner puisqu’on a confié au bougre un projet d’adaptation de Batgirl sur grand écran.
Entre les réécritures de Joss Whedon, les nombreux reshoots et surtout la Warner qui aime bien intervenir sur leur projet pour y foutre le bordel au nom du « ça plaira au plus grand nombre » et la première version du film amputée de 45 minutes, ça nous donne le résultat final que nous avons dans nos salles obscures. Et bordel, ça se sent que le film est la créature de Frankenstein.
Zack Snyder et Joss Whedon ont une identité vraiment différente dans leur style de réalisation. Et on le ressent non seulement dans l’identité visuelle du film mais aussi dans les dialogues. Le film a une vraie inconsistance tonale tout du long. On commence de manière très sérieuse mais lors du combat final avec la fin du monde en guise d’enjeu, nous n’avons que des blagues qui s’enchaînent. Alors, je vais me faire un peu l’avocat du diable en parlant d’Avengers. En même temps, la comparaison se devait d’arriver. Dans Avengers, l’humour fonctionne car c’est le ton global de l’univers depuis le premier Iron Man. Ici, l’humour donne une impression de s’incruster à la fête à la dernière minute. Donc forcément, quand on fait suite aux événements de Batman v Superman, ça tranche particulièrement avec le ton installé par l’univers auparavant.
I see a little silhouetto of a man,
Scaramouche, Scaramouche, will you do the Fandango?
Thunderbolt and lightning,
Very, very frightening me.
(Galileo) Galileo.
(Galileo) Galileo,
Galileo Figaro
Magnifico-o-o-o-o.
Mais je ne vais blâmer aucun des deux hommes. Non, si je devais rechercher le responsable du résultat final bordélique, ça serait la Warner elle-même. Je vais dire quelque chose d’un peu étrange mais suivez mon raisonnement : les fans sont les pires donneurs d’avis. Suivre l’avis de « fans » est stupide et la Warner ne semble faire que ça. Ça gueulait un peu parce que BvS était trop sérieux ? Bon eh bien rajoutons des blagues. C’est un peu trop long ? Bon, on va retirer 45 minutes de la première version du film pour ne pas dépasser les deux heures dans ce cas.
Alors oui, les films de Marvel fonctionnent mieux au box-office. Mais simplement vouloir les copier pour faire plus d’argent quand on a eu un ton souhaité si différent est non seulement terriblement hypocrite, mais c’est avant tout une très mauvaise idée. Parce qu’à force de vouloir faire plaisir au plus grand nombre, on ne fait finalement plus plaisir à personne. Vous vouliez partir sur un ton et des thèmes plus matures, eh bien allez-y ! Ce ne sont pas les thèmes de BvS le réel problème du film, c’est le script qui était simplement mal foutu. Mais alors ici, c’est encore pire.
On doit présenter trois nouveaux personnages : Cyborg, Aquaman et le Flash. On doit présenter le nouveau méchant, on doit amener l’équipe à se réunir et on doit aussi s’occuper de Superman. Tout ça en moins de deux heures ? Si il y a bien un film où il nous fallait au moins une demi-heure de plus, c’est Justice League. Malheureusement, la Warner voulait enlever tout le gras du film et on se retrouve avec un produit final tellement rushé qu’on finit très rapidement par ne plus rien en avoir à faire.
Flash fait des blagues comme Kev Adams fait des blagues. C’est jamais au bon moment et c’est jamais très drôle.
Nous avons le minimum syndical en guise de présentation du Flash avec 2-3 scènes à tout casser présentant sa situation. Aquaman, je n’en parle même pas c’était presque une mauvaise blague avec un non traitement du peuple atlante qui frise le doigt d’honneur aux fans du personnage. Mais alors pour ceux qui ne connaissent pas les comics je n’en parle même pas, ça doit être un enchainement de « Qui c’est celle là ? Et de quoi ils parlent là ? Pourquoi on m’explique que dalle ? ».
Le personnage avec le plus de temps de présentation est Cyborg et manque de bol, c’est l’acteur le moins bon de tout le film. Il incarne un cyborg, mais la seule chose réellement robotique est son jeu d’acteur (#punchlinedefaible).
A côté le boulot est fait. Ben Affleck est un Batman 4 étoiles qui malheureusement se voit confier du matériel 2 étoiles. Gal Gadot est toujours efficace dans son rôle d’amazone aussi. Ils sont clairement les deux personnages dont on a quelque chose à faire.
Le méchant est aussi une assez mauvaise blague. Steppenwolf n’a aucune personnalité, et nous offre le cliché classique du « je viens chercher une arme suprême pour gouverner la terre ». Et surtout il va me permettre d’attaquer un assez gros point faible du film que j’avais déjà signalé lors de Wonder Woman et qui ne semble pas réglé : LES EFFETS SPÉCIAUX SONT MOCHES BON SANG.
Même Malekith de Thor : Le Monde des Ténèbres se fout de sa gueule c’est dire !
C’est plus possible de demander des effets spéciaux décents dans un film qui coûte des centaines de millions de dollars maintenant ? Steppenwolf est une blague, les écrans verts sont si nombreux mais surtout si voyants que ça en devient distrayants. Si on avait un jeu d’alcool « un shot à chaque fois que l’écran vert est visible », on passe pas la première demi-heure les loups c’est moi qui vous le dit ! Non vraiment, c’est moche et c’est grave que ça soit moche. Je ne demande pas un script exceptionnel dans ces films mais au moins foutez moi du spectacle aux mirettes !
Finalement, le problème de Justice League est très simple : nous ne sommes pas devant un film terminé. Il manque une heure de film, ça se voit et ça se ressent. Donc on va avoir une version étendue lors de la sortie en blu-ray et je suis certain que ça règlera au moins 2/3 des problèmes du film. Les dialogues seront peut-être toujours mauvais (toutes les séquences à Smallville sont écrites par les mêmes scénaristes que la version pornographique du film), mais au moins on aura pas l’impression d’être rushé comme pas permis. Peut-être que les choses auront un peu plus de sens.
On semble vouloir s’inspirer du jeu vidéo ici, avec une version en kit du film qui va nous refaire payer une extension pour avoir le film complet. Alors pour Batman v Superman ça passait même si c’était déjà limite. Mais là si ça devient une habitude ce n’est pas la peine d’aller au cinéma. On se contentera d’attendre simplement la vraie version du film quelques mois plus tard histoire de ne pas se retrouver devant une version batarde sans grand intérêt.
Alors oui, on a nos belles séquences. Oui, réentendre le thème de Batman de Danny Elfman a fait plaisir à mon petit coeur. Le casting est bon et l’alchimie semble définitivement présente. Mais malheureusement, avec de bons ingrédients nous ne pouvons pas obtenir un bon plat final avec le chef aveugle qu’est la Warner. Les mecs veulent du sérieux pour se différencier pour finalement essayer de reprendre la formule Marvel quand on voit que le film ne fait pas un milliard au box-office. Ça nous donne un gloubi-boulga final assez indigeste.
Le plus fort dans tout ça est que je vois beaucoup de retours à travers la toile « je ne m’attendais à rien du coup j’ai été satisfait ! ». Non mais c’est fort ça. J’ai quelqu’un qui vomit au milieu de ma salle à manger, je ne vais pas lui être reconnaissant parce qu’il pense me faire plaisir en allant chercher la serpillière !
Je suis peut-être dur avec cet univers, c’est vrai. Mais c’est parce que j’ai envie d’avoir une réelle adversité avec le Marvel Cinematic Universe. C’est de la friction que vient le feu bon sang ! Avec d’excellents films DC, nous aurions d’excellents films Marvel en réponse et les gagnants seraient le public. Mais non, malheureusement ça ne se passe pas comme ça parce que la Warner ne sait pas quoi foutre avec sa boîte de jouet. Je ne sais vraiment pas vers quoi se dirige le DC Extended Universe, mais sincèrement ça n’augure vraiment rien de bon. Wonder Woman ne peut pas tout excuser et ne peut surtout pas porter l’univers complet sur ses épaules.
Bref, ne vous embêtez pas avec Justice League, attendez la version longue en blu-ray car je suis convaincu qu’elle arrivera. Ça vaudra mieux car on aura sans doute un résultat à moitié décent à ce moment. Mais actuellement, la version amputée que nous avons en salle ne vaut pas le prix d’une place de cinéma.
PS : La palme du pire échange de l’histoire du cinéma revient à cet échange :
– Tu sens bon.
– Pourquoi ? Ce n’était pas le cas avant ?
Image rare de Ben Affleck cherchant légalement un moyen de se tirer de ce foutoir.
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