[Critique] Jigsaw – L’Antre du Greil
Nous sommes en 2010 lorsque le septième opus de la saga Saw sort dans nos salles avec en guise de sous-titre « Chapitre final ». Alors dans le genre de l’horreur, il y a une règle toute simple : quand on met le mot final dans le titre, ce n’est jamais le dernier opus d’une saga. Il suffit de voir la saga Vendredi 13 par exemple qui en est le meilleur exemple. Nous avions Vendredi 13 : Chapitre final qui est sorti en 1984. Un an plus tard, une suite sortait quand même dans les salles. Et depuis on a eu 8 suites à ce Chapitre final.
Alors lorsque Saw 3D : Chapitre final était sorti au cinéma, même si on voulait nous faire croire que c’était la conclusion de tout, j’y croyais moyennement. La saga était trop populaire et continuait à toujours être rentable. Néanmoins Lionsgate s’est retenu pendant 7 ans avant de faire revenir la saga, sans doute pour éviter le sentiment de fatigue que les derniers opus commençaient à créer même chez les fans les plus invétérés.
Pour ma part, Saw est un plaisir coupable. Saw, c’est pour moi voir des réalisateurs pratiquer de belles fellations à Charles Darwin en voyant des personnages stupides mourir par leur stupidité de manière stupide. Il y avait quelque chose de fun dans ces films, même si il faut reconnaître que le genre du Torture Porn est composé à 95% de films abyssales de nullité. Du coup j’étais tout de même assez excité à l’idée de voir dans quelle direction la saga pouvait partir pour ce nouvel opus. Nouvel opus qui change de titre, sans doute pour symboliser l’envie de partir sur de nouvelles bases. Voyons donc ce que Jigsaw nous propose et si la saga repart sur un bon pied, où si il s’agit du pied du docteur Gordon.
Jigsaw se déroule plusieurs années après le règne de terreur de John Kramer et de ses disciples. Toute cette histoire semblait être définitivement du passé quand de nouveaux corps commencent à apparaître à travers la ville, imitant le style de Jigsaw. La police va donc commencer les recherches tandis qu’un autre jeu macabre impliquant 5 personnes se déroule.
Étant fan de la saga, avoir un nouveau titre et un retour après plusieurs années ne signifiait qu’une chose : on part dans une nouvelle direction. Et … Au bout d’une demi-heure j’ai vite compris que non, pas du tout. Pour les fans (et les détracteurs du coup), vous n’allez clairement pas être secoués par la façon dont se déroule le film. Nous avons nos pièges, nous avons nos twists finaux qui s’enchainent, nos personnages dont on se contrefout qui meurent et tutti quanti.
Jigsaw offre bien un changement dans la saga, mais il ne s’agit en réalité que d’un changement sur la forme, et non sur le fond. Je m’attendais à une nouvelle maison mais j’ai en fait obtenu mon ancienne maison, simplement avec la décoration entièrement refaite.
Ah Billy ça me fait plaisir de te revoir, tu m’avais presque manqué petite enflure !
Jigsaw est réalisé par les frères Spierig, duo à qui nous devons le gentillet mais sans réel intérêt Daybreakers ou encore le sympathiquement tordu Prédestination. Et je peux les féliciter car Jigsaw est l’opus le mieux réalisé de la saga tout simplement. Nous n’avons plus ces petites séquences de montage hyper frénétique pour montrer la folie dans laquelle les personnages subissant un piège plongent. Non, cette fois-ci nous comprenons parfaitement ce qu’il se passe tout le long du film.
Mais cela passe également dans la lumière et dans le rythme global du film. Jigsaw se déroule très majoritairement en pleine journée. Nous n’avons plus ces nombreuses scènes dans des pièces très sombres ici. Il y a une vraie volonté de changer un peu le ton global de la saga dans cet opus avec un côté plus lumineux. Néanmoins, le rythme est lui toujours hyper soutenu avec l’aspect « course contre la montre » qui marche extrêmement bien ici. Le film dure 90 minutes mais n’en gâche probablement pas une seule si ce n’est pas nécessaire. Tout est fait pour que l’histoire avance rapidement.
Du coup, Jigsaw semble être un presque sans faute aux premiers abords. Mieux réalisé, un bon rythme … Mais le film souffre malheureusement d’un soucis assez important qui affecte tout le film : les pièges.
« Ce n’est pas flippant du tout. »
– Ce mec. Mais aussi moi à la fin du film.
Jigsaw est sans doute l’un des opus les moins violents du film (sauf la mort finale qui est elle extrêmement graphique, au point où ça en est presque comique tant ça tranche *ba dum tss* avec le reste du film). Et ce n’est pas un mal car il est vrai que les pièges dans les derniers films devenaient tout simplement des mauvaises blagues. Il suffit de voir un des pièges sur Saw 3D par exemple. Un mec doit s’arracher la peau du dos dans les 90 secondes pour atteindre une manette sinon un autre mec se fait arracher les bras et la mâchoire inférieure, une fille se fait exploser le crâne par une voiture et la voiture foncera ensuite sur un mec qui explosera en un paquet de tripes au moment du choc. On ne va pas se mentir, c’est du bon gros n’importe quoi.
Non ici Jigsaw se la joue un peu moins gratuit visuellement parlant ce qui n’est pas un mal. Le problème vient des pièges en eux-même qui quand on y réfléchit rapidement deviennent presque « trop » simples.
L’intérêt d’un film Saw est de s’imaginer dans le piège pour essayer de comprendre comment s’en sortir. Et ensuite être diverti par la façon dont ses personnages font presque toujours ce qu’il ne faut pas faire pour finir dans un piteux état la plupart du temps. Et ici quand on y réfléchit deux minutes, on voit vraiment les failles des pièges et par extension les failles du scénario. Certains pièges qui s’enclenchent nous font dire que ça ne peut arriver que dans un film car sinon le timing est beaucoup trop parfait pour être crédible. Certaines cassettes sont destinées à certains personnages mais il était impossible de savoir que le dit personnage pouvait encore être en vie à ce moment du jeu … Bref, de ce côté l’écriture n’était pas ficelée correctement. Ce qui est dommage car c’est quand même l’une des deux intrigues majeures du film !
Bien évidemment, je ne parlerais pas du twist final puisque je ne veux pas spoiler. Mais pour moi la fin de Jigsaw amène énormément de nouvelles questions qu’une éventuelle suite à très vite intérêt de répondre car sinon ce second départ va rapidement partir dans le fossé.
Entre la saga Resident Evil et maintenant Jigsaw, j’ai atteint mon quota de personnes se faisant découper au laser pour toute une vie.
Jigsaw est bien meilleur que ce qu’un huitième film d’une saga comme ça devrait nous délivrer pour tout dire. C’est Saw VIII bon sang, ça devrait être une mauvaise blague ce film ! Mais pourtant, j’en suis ressorti globalement satisfait. Le seul problème vient comme je l’ai dit de l’écriture au niveau de toute l’intrigue impliquant les 5 personnes piégées qui est vraiment trop boiteuse. Et l’habituel défaut des films de la saga, à savoir un total manque d’attachement aux différents personnages. On se fiche de savoir qui meurt et dans quel ordre vu qu’on ne s’attache à aucun d’eux, ce qui est quand même dommage selon moi.
Mais le film implique clairement une envie de relancer la machine et je n’y suis pour ma part pas totalement opposé ! Sauf si on nous refait encore 6 suites pour répondre à des questions basiques. Là clairement si un Jigsaw 2 (ou Saw IX ? Comment on dira du coup ?) pointe le bout de son nez j’espère vraiment que l’histoire sera un peu plus couillue et étoffée qu’ici. Mais pour les fans de la saga, vous pouvez y aller les yeux fermés !
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