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Aerosmith – Music From Another Dimension!

Bonjour à tous, c’est l’heure de votre nouvelle chronique par votre ami (vous êtes mes amis hein?) Youri !!! Vous êtes contents n’est-ce pas? Non? Et bah tant pis pour vous. Alors j’aurais pu faire dans la continuité, dans la flemmardise, etc, mais je laisse ce domaine à Greil (coucou patron !). J’aurais pu donner une suite à ma chronique (critique?) de St. Anger, par exemple en parlant de Lulu, ou même de Death Magnetic, pas si irréprochable que ça. Donc vu que j’aime vous prendre (oh oui) au dépourvu, je vais vous parler d’un groupe totalement différent de Metallica (quoique…), et également d’un album sorti récemment, puisqu’il s’agit de Music From Another Dimension! de Aerosmith. Come on !

Music From Another Dimension!, album de Aerosmith sorti le novembre 2012, sur le label Columbia. Il est produit par Jack Douglas (nom qui devrait te rappeler quelque chose, oui toi le fan pur et dur (CMB) d’Aerosmith), Joe Perry, Steven Tyler et Marti Frederiksen, l’enregistrement se déroule de juillet 2011 à mars/avril 2012, dans tellement de studios différents que je vais pas les citer, de peur de vous faire tomber dans de l’ennui profond. Les membres du groupe lors de l’enregistrement sont : Steven Tyler (chant, piano et harmonica), Joe Perry (guitare solo et chœurs), Brad Whidford (guitare rythmique et choeurs), Tom Hamilton (basse et chœurs) et Joey Kramer (batterie), avec tout un tas de guest, notamment Carrie Underwood, Johnny Depp, Desmond Child ou encore Rick Dufay (ancien guitariste d’Aerosmith). 4 singles sont issus de l’album : Legendary Child (24/05/2012), Lover Alot et What Could Have Been Love (22/08/2012), Street Jesus (27/11/2012) et Can’t Stop Loving You (21/01/2013)

Bon alors, moi et Aerosmith, il y a une histoire particulière qui nous lie. C’est le premier groupe de hard rock/metal que j’ai vu en concert (le 19 juin 2007 au POPB pour ceux que ça intéresse), donc ce n’est pas rien. Bon d’accord, la seule chanson que je connaissais était Walk This Way, mais quand même. Et puis après j’ai découvert la discographie de ce groupe qui est quand même mythique, probablement parmi les meilleurs groupes de hard rock au monde (pas actuellement, mais historiquement). Donc si on peut classer l’histoire du groupe en périodes, ce serait : une période juste magnifique entre le premier album Aerosmith en 1973 et Draw The Line en 1977, puis la descente aux enfers (où le groupe a bien failli disparaître) entre 1979, soit l’album Night In The Ruts, et 1984 (avec dans cette période l’un des albums les plus nuls du combo bostonien, Rock In A Hard Place), puis de nouveau une putain de période, de l’album de la reformation, Down With Mirrors en 1985, à Get A Grip en 1993. L’album suivant, Nine Lives (1997), était encore potable, mais l’énorme succès de I Don’t Want To Miss A Thing en 1998, tiré de la BO d’Armaggedon, va entraîner le groupe dans une direction musicale des plus contestables : les ballades putassières. Si l’on excepte l’album Honkin’ On Bobo (2004), constitué de reprises (sauf une chanson), Aerosmith continue sur sa lancée et, dans Music From Another Dimension!, n’a visiblement qu’une seule idée en tête : reproduire le succès de I Don’t Want To Miss A Thing. Le problème, c’est qu’on ne peut pas fabriquer un album uniquement là dessus.

Bon alors commençons par le commencement (cette formule a remporté le concours national de la meilleure formule d’introduction pour son originalité et sa non redondance). En fait, de gros espoirs étaient placés dans cet album. Ces dernières années, on a vu un retour en force des dinosaures du rock : AC/DC, Van Halen, Kiss, Deep Purple, etc. Seul Aerosmith était resté discret. Mis à part les tournées, rien. Et puis en 2009, les rumeurs disent que la machine est relancée. Mais rapidement, le projet devient une arlésienne. Le Duke Nukem Forever de la musique. Le projet avance à très petits pas, mais on apprend quand même un nom, celui du producteur : Jack Douglas. Jack Douglas, c’est pas n’importe qui, pas moins que le producteur de nombreux albums d’Aerosmith, notamment Toys In The Attic et Rocks. Bref il a un CV qui pue la classe. Finalement en mai 2012 débarque le premier single, Legendary Child, Qui laisse entrevoir un style à mi-chemin entre Get A Grip et Pump, donc prometteur. Pas convaincant, mais bon. Mais quelle erreur mon cher Watson ! Perso, j’attendais un scénario à la Van Halen, comme ce qu’il ont fait sur, c’est-à-dire nous sortir comme premier single une chanson nulle, pour nous offrir un album de haute volée. Quelle naïveté… Ce serait comme croire que l’Église catholique serait un jour pour le mariage homo. Ou que Paris Hilton arrêterait d’écarter les jambes dès qu’elle voit un mec. Ou une fille qui partirai en vacances sans amener sa maison dans ses valises (point misogynie !).

– Ça fait des années qu’on vit sur notre succès passé et qu’on ne propose rien de nouveau. Aimez nous !

Pourtant, l’album commence plutôt pas mal. Pour ma part, je trouve l’intro géniale. Pour ceux qui connaissent, c’est un hommage à la série The Twilight Zone (La Quatrième Dimension en France), que personnellement j’adore. Donc je ne peux qu’apprécier (et vous avez intérêt à aimer aussi, ou alors je viens chez vous vous casser les genoux). La chanson Luv XXX ouvre les hostilités, chanson fort sympathique, quoiqu’un peu répétitive. Puis viennent Oh Yeah et Beautiful, qui se maintiennent à un certain niveau. Les chœurs féminins sur Oh Yeah sont d’ailleurs des plus réussis. Ensuite, on trouve (déjà !) la première ballade de l’album, Tell Me qui, non content de pomper allègrement Cryin’ (de l’album Get A Grip), ne propose aucun nouveauté à se mettre sous la dent côté ballade. Dommage, car c’est une des rares chansons de la carrière d’Aerosmith signée uniquement par Tom, le bassiste. Mais bon passe encore, elle reste dans l’esprit des anciennes ballades d’Aerosmith. Mention spéciale à Out Go The Lights, la chanson suivante, qui fait beaucoup penser à des chansons de la grande époque du groupe, comme Get It Up ou Hangman’s Jury. Legendary Child déboule ensuite. C’est le premier single de l’album, et ce n’est pas anodin: elle propose un melting-pot de ce qu’Aerosmith a fait de meilleur par le passé. Petite intro instrumentale, riff de guitare simple, mais archi-efficace, des couplets avec un chant quasi-rappé (comme le fromage ouaich), un refrain qu’on a envie de chanter à tue-tête, un solo à l’image de Joe, bluesy et gorgé de feeling. Et là arrive la deuxième ballade de l’album, What Could Have Been Love et honnêtement, c’est une catastrophe. C’en est presque honteux, le groupe nous ayant tellement habitué à de la balade de qualité dans ses bonnes périodes. Mais là, c’est ce dont je vous parlais au début : Aerosmith fait de la balade putassière. Et ce n’est que la première chanson d’une série que vous aurez envie de zapper.

Et c’est… Un nouveau Point Nostalgie !!! Le deuxième en deux critiques… Voilà que je radote maintenant. Et vous allez avoir l’impression que je radote encore plus, parce que ce Point Nostalgie ressemble fortement à celui sur St. Anger, avec « avant, avec les vinyles… », « avant, les maisons de disque elles… », et bla bla bla, et bla bla bla (si vous ne comprenez rien, vous n’aviez qu’à lire ma critique de St. Anger. Et toc !). La différence, c’est que le remplissage sur cet album est de la forme : « hé, mettons plein de ballades pour qu’elles passent à la radio, nous rapportent plein de fric pour payer les liftings de Steven et les futurs liftings de sa fille Liv » (et oui,vous venez d’apprendre que Liv Tyler, cette cruche sans expression qui m’a gâché tous les films du Seigneur des Anneaux avec ses histoires d’amour de merde, est la fille du chanteur d’Aerosmith ! Ça vous en bouche le trou de balle hein?).

Donc on se tape 6 ballades (sur 15 chansons quoi. Un putain de tiers de l’album, c’est des putains de ballades. Putain), qui en plus d’être nulles, n’offrent aucun renouvellement. C’est du réchauffé, c’est pataud (comme un petit chien. C’est mignon un petit chien. Et bah ici c’est pas mignon. Ce serait plutôt un petit chien, donc mignon, qui se met à vomir partout, donc qui devient plus du tout mignon. Vous suivez toujours? Nan? Je vous comprend. Il m’arrive la même chose quand je lis Greil et Pino. Sans rancune les gars hein? Heureusement que je n’ai pas de contrat de travail, ils ne peuvent pas me virer abusivement. Je l’ai échappé belle…). Leurs noms? Tell Me, What Could Have Been Love, Can’t Stop Loving You, We All Fall Down, Closer et Another Last Goodbye. Comme je l’ai dit plus haut, seule Tell Me mérite d’être écoutée (pas tout le temps non plus, faut pas déconner), mais les cinq autres, zappez-les, jetez-les, brûlez-les. Surtout Can’t Stop Loving You, celle où il y a Carrie Underwood, la dernière gagnante d’American Idol, dont la participation n’apporte absolument RIEN !!! Perso je la connaissais pas avant, mais là ça ne me donne absolument pas envie d’aller écouter sa musique. Elle a aucune personnalité !!! Elle sort du moule des artistes américaines ayant toutes la même voix, qui ne se distinguent pas entre elles, et qui font le même type de musique, ce que les gens appellent du Rn’B, ce qui est un viol pour le vrai Rn’B, le rythm’ and blues, celui de Aretha Franklin par exemple. Dire qu’on a été obligé de renommer le Rn’B en « Rn’B traditionnel », juste pour pouvoir appeler Rn’B toutes ces sombres merdes que sont les Destiny Child ou Rihanna… Quelle honte. Pour finir sur Underwood, en fait sa participation est encore un coup un pur moyen de se faire du fric, puisqu’elle permet à Aerosmith de se montrer aux nouvelles générations, celles biberonnées à MTV et la télé-réalité. Faut les comprendre, la génération qui avait connu I Don’t Want To Miss A Thing a vieilli, faut les remplacer ! Donc on vise les petits nouveaux à mèche et qui kiffent tout ce qui est SWAG. Enfin, Steven Tyler ayant été juré à American Idol, il a du obtenir la participation de Underwood sur un simple coup de fil. Désespérant. Et surtout extrêmement réducteur pour le groupe, après les gens ne vont les connaître que pour cette chanson. Comme AC/DC avec Highway To Hell, ou Scorpions avec Still Lovin’ You. Merci Steven.

– J’adore Aerosmith, notamment Can’t Stop Loving You avec Carrie Underwood !

– Et sinon tu connais d’autres chansons du groupe?

– Euh…

Ce qui dommage, c’est que pour nous caser toutes ces ballades, Aerosmith nous les propose en alternance avec de bonnes chansons. Et ça casse toute continuité qu’on aurait pu avoir. Dommage, parce que tout ce qui n’est pas ballade, et bah Aerosmith s’en sort plutôt bien. Bon certes, on reste à une certaine distance des grandes périodes du groupe, mais c’est qu’écoutable. Par exemple, Street Jesus possède ce grain de folie typiquement Aerosmithien (oui cet adverbe existe, dans le dictionnaire du… Boukistan oriental ! (quel tour d’illusionnisme de grande classe)), que l’on retrouvait sur Shut Up And Dance ou Permanent Vacation (entre autres) par le passé, et qui ici fait plaisir à voir. Lover Alot est également très rythmée ; Freedom Fighter et Something, chantée toutes les deux par Joe, possèdent un certain feeling et sont plutôt rafraîchissantes, car plus simples, moins produites. Bon, petit point négatif tout de même sur ces chansons, elles sont parfois un peu répétitives ou traînent en longueur.

Arrêtons nous juste un instant sur Another Last Goodbye, la dernière chanson de l’album, et une des 6 ballades. Mis à part le fait que Steven chante particulièrement mal, certaines personnes voient en cette chanson la dernière d’Aerosmith, leur épitaphe. Les déclarations du groupe tendraient vers cette hypothèse, les membres déclarant être fatigués après de si longues années (c’est vrai que la cocaïne, ça fatigue. Enfin il paraît, je n’en n’ai jamais goûté… (pfiou ils m’ont cru… Qu’est-ce que je suis convaincant)). Pour ma part, je n’y crois pas, et pour une bonne raison : le business des tournées d’adieux. J’appuierais ma démonstration grâce à une structure type thèse/antithèse/synthèse, avec conclusion générative, le tout rédigé en alexandrin, avec des rimes A/B/A/C pour chaque couplet. Vous avez grillé que je bluffe? Je ne comprend pas pourquoi. Plus sérieusement, il y a 3 exemples pour ma théorie, qui se nomment Scorpions, Judas Priest et The Rolling Stones. Scorpions ont lancé leur tournée d’adieu en 2010, après Sting In The Tail, et ça a été tellement lucratif, qu’il ont rempilé pour sortir Comeblack, et là ils vont faire des réenregistrements de chansons jamais parues de la période Blackout/Love At First Sting. Et pourquoi pas une nouvelle tournée derrière (voir l’interview de Klaus Meine et Rudolf Schenker aux Vieilles Charrues, une des dates de la tournée d’adieu). Judas Priest a eu sa tournée d’adieu à peu près en même temps que Scorpions. Et ça a été tellement lucratif pour eux aussi, qu’il vont bientôt sortir le DVD de la dernière date (Birmingham si je me souviens bien. Je travaille sans Internet là donc faut que j’utilise ma mémoire. Autant dire que ça arrive pas souvent), et certainement un nouvel album. La tournée est, pour le coup, beaucoup moins sûre, mais l’appel du fric sera certainement plus fort. Et puis pour les Stones, n’en parlons pas, ça fait 20 ans qu’ils sont en tournée d’adieu. En attendant d’avoir toute info officielle, on se contentera d’une tournée classique (d’ailleurs j’espère qu’ils passeront au Hellfest. J’irai les voir par pure hypocrisie).

Allez, un petit paragraphe histoire de parler des différents membres du groupe. On reconnaît en général assez bien le chant typique de Steven (même s’il ne se force pas trop), mais par contre ses cris qui faisaient toute la magie d’Aerosmith, c’est le néant. Tout l’argent qu’il a mis dans sa chirurgie esthétique, il aurait du le mettre dans un chirurgie des cordes vocales, et se payer un coach vocal. Il ne possède plus cette patte qui faisait de lui Steven Tyler. Les guitares ont conservé le système assez particulier de questions/réponses typique de Joe et Brad, l’inspiration en moins. Brad est clairement moins inspiré dans sa rythmique, et Joe nous pond des soli pas du tout, mais alors pas du tout mémorables, surtout au vu de son passé. Autre point noir, Tom. Pour moi, Tom, c’est un des bassistes les plus sous-estimés de l’histoire du rock et du metal. On parle toujours de John Entwisle, le bassiste des Who, de Cliff Burton, le bassiste de Metallica, de Billy Sheehan, le bassiste de Steve Vai (entre autres), etc, etc. Mais jamais de Tom. Alors que son travail au sein d’Aerosmith est juste phénoménal ! Il est rapide, mélodique, utilise du slap… Ecoutez Love In A Elevator, Last Child, ou Toys In The Attic ! Mais on dirait que depuis, il a tout perdu. Sur Music From Another Dimension!, il est pour ainsi dire inexistant. C’est une immense déception pour ma part. Et enfin Joey, qui pour le coup est le moins décevant des cinq, puisqu’il nous rend une copie très correcte, avec quelques plans de double pédale (oui oui, la double pédale existe dans le hard rock. Surtout chez Aerosmith en fait. Ecoutez Young Lust sur Pump). Disparu le son de boîte à rythme qu’on avait sur Just Push Play, on retrouve un son naturel qui fait plaisir. D’ailleurs, sur la partie américaine de la tournée, il nous offrait même un solo de batterie ! Du jamais vu chez Aerosmith depuis des lustres. Au final, c’est le seul de la bande sur lequel on peut dire des choses vraiment positives. On peut également parler de Jack Douglas, co-producteur de l’album, qui franchement n’offre pas un boulot à la hauteur de son expérience. Certes il n’est que co-producteur, mais c’est Jack Douglas quoi, il aurait pu s’imposer plus. Déjà l’album est sur-produit (coucou les radios américaines), mais en plus la basse et les guitares sont bien trop en retrait, et la voix de Steven est mise sur le devant, donc vu qu’il ne chante pas toujours très bien, ça saute aux oreilles, ce qui est insupportable.

Bouh !

Au final, que mettre dans ma conclusion pour ceux qui ne lisent pas le reste de la chronique et qui saute direct ici (grillé !)? Et bah c’est mi-figue, mi-raisin (les gens qui utilisent cette expression. Qui sont-ils? Quels sont leurs réseaux?). L’interprétation est minimale, voire nulle, la production est surfaite, les ballades trop nombreuses, alternées avec des chansons qui auraient pu être un peu plus peaufinées. Aerosmith ne fait pas son pire album de tous les temps, mais reste loin des meillleurs. Suffisant pour se maintenir au-dessus des gouffres de nullité que sont Rock In A Hard Place et Just Push Play. Mais bon c’est pas follichon, vraiment pas suffisant pour un groupe ayant la carrière d’Aerosmith. Et vu qu’on ne sait pas si il y aura un successeur, le pire est peut-être de se dire que le groupe va terminer sa carrière là dessus, et ça, ça fait très mal.

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