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[Critique] L’Homme qui tua Don Quichotte

Avant de parler du nouveau né de l’esprit du génialement cinglé Terry Gilliam, il faut quand même reconnaître deux choses : l’existence de ce film est un miracle en soi, et il a vraiment voulu le faire le bougre ! Pour ceux qui ne sont pas au courant de l’histoire : il a fallu environ 25 ans pour que ce film se fasse. C’était tellement compliqué que nous avons eu le droit à un documentaire sur la création maudite du film : Lost in la Mancha. Si vous ne l’avez pas vu, je vous le conseille car il est fascinant. J’en profite également pour vous conseiller Jodorowsky’s Dune dans le même genre, encore plus fascinant. Pour compléter la trilogie des documentaires géniaux sur des films ? Aux coeurs des ténèbres qui parle du tournage d’Apocalypse Now. Et voilà mes centimes en terme de conseil.

Béni soit celui qui inventa le sommeil !

Je reprends cette citation de Don Quichotte car je vous confirme qu’après avoir vu L’Homme qui tua Don Quichotte, j’avais sérieusement besoin de sommeil pour repenser au film avec un minimum de recul. Parce que ce film est dense et en parler simplement ne pourrait lui rendre hommage. Tel Don Quichotte de La Mancha qui se lance dans la quête impossible de l’éternité, Greil le gros Manchot se lance dans la quête impossible de faire une critique qui explique clairement ce que le film me fait ressentir. Mais promis, je vais faire de mon mieux !

La plume est l’interprète de l’âme: ce que l’une pense, l’autre l’exprime.

Avant de parler du film en lui-même, j’aimerais bien mettre le projecteur sur Adam Driver parce que ce mec commence à avoir l’une des carrières les plus incroyables de l’Hollywood moderne. Pour vous résumer, en 7 ans le mec a tourné pour : Clint Eastwood, Steven Spielberg, les frères Coen, Jeff Nichols, Martin Scorsese, Steven Soderbergh, Rian Johnson, Spike Lee et Terry Gilliam. Mais qu’est-ce que c’est que ce CV insolent ?! Si il continue comme ça, il va vraiment s’imposer comme une des meilleures carrières d’acteur de ces dernières années.

Si je vous parle de lui, c’est pour vous dire que c’est un bon acteur et que dans ce film il s’en sort admirablement. Il a un style de jeu qui va parfaitement dans le style barré de Terry Gilliam. Mais bon sang, en comparaison, comment résister à l’énergie frénétique de Jonathan Pryce qui déborde de l’écran ? Cet acteur a toujours été brillant et le voir sous la caméra de Gilliam est à chaque fois un vrai plaisir. Il était génial dans Brazil (honte à moi je n’ai pas vu Les Aventures du baron de Münchhausen …) et il est génial dans L’Homme qui tua Don Quichotte.

De manière globale, tout le casting s’en sort vraiment bien. Je ne me voyais pas insulter un acteur en particulier dans cet article. Même si comme il est dit dans Don Quichotte : Celui qui dit des injures est bien près de pardonner.

 

 

D’un point de vue technique, le film est très beau. Le style Terry Gilliam est bien présent dans la réalisation, les décors … L’Homme qui tua Don Quichotte est un film très réussi et visuellement fort. Il a une vraie identité qui lui est propre, ce qui est déjà un excellent point selon moi. Nous n’en verrons pas deux comme ça, c’est certain !

Le film ne divisera sans doute pas sur sa forme, mais bien sur son fond.

L’Homme qui tua Don Quichotte est le film de Terry Gilliam où ce dernier donne tout. On a presque cette impression d’avoir le film menu maxi best-of plus grande frite et coca, tout en ajoutant quelques nuggets de poulet. Cela confirme l’impression de densité de l’oeuvre mais malheureusement une petite impression de déception ne cesse d’être présent. Ce n’est pas tellement la faute du film en lui-même mais entre les années d’attente et de fantasme et le résultat final, impossible de ne pas se dire qu’il y a cette absence de prise de risque de la part de Terry Gilliam.

Alors attention, n’interprétons pas mes dires de manière négative. J’ai passé un excellent moment devant ce film qui fait des choses qu’on ne voit que trop rarement au cinéma, avec une vraie identité qui lui est propre. Mais pour ceux qui connaissent son style, vous ne pourrez pas être réellement très surpris par ce que le film propose. En alliant ça avec quelques longueurs ici et là, 25 ans d’attentes nous donnent cette impression de « tout ça pour ça ? ».

Ma destinée, de qui je n’espère jamais aucun bien, a réglé, d’accord avec le ciel, que, puisque je demande l’impossible, le possible même me sera refusé.

 

Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel prétentieux rempli de citations depuis tout à l’heure ?!

 

Malgré les quelques critiques que j’ai évoqué, il y a toute une lecture très autobiographique et mêta qui rend tout le film globalement très agréable à suivre. Nous retrouvons clairement dans le personnage d’Adam Driver ce que peut ressentir Terry Gilliam face à l’industrie du cinéma. Et nous retrouvons clairement les thèmes qui lui sont chers, à savoir la folie, la volonté de conserver son indépendance créative etc… L’Homme qui tua Don Quichotte n’aurait pu être réalisé par une autre personne que Terry Gilliam, et c’est ce que j’aime avec ce film finalement.

Est-ce qu’il s’agit du meilleur film de sa filmographie ? Non. Mais il s’agit d’un film qui est une parfaite introduction au style de Terry Gilliam, une oeuvre qui sert presque de carte d’identité de son style. Et c’est un style qui personnellement me plait beaucoup. Je ne peux donc que vous encourager à aller voir L’Homme qui tua Don Quichotte. C’est barré, il y a des moments où ça part dans tous les sens … Mais c’est fait avec un vrai amour, un amour un peu fou. Mais un amour unique surtout.

Ce qui va être très drôle dans les prochains jours pour moi, c’est le décalage qu’il va y avoir. Le prochain film que je vais voir est Solo : A Star Wars Story qui en terme de créativité avec tout le bordel qu’il y a eu doit être un beau melting pot bien baveux … Nous verrons bien !